J’ai eu la chance d’assister à l’expo Monet – Mitchell à la fondation Louis Vuitton, qui met en avant une grande partie des œuvres de ces immenses artistes. Malgré leur écart générationnel, ces deux peintres nous proposent à travers leurs toiles, une correspondance aboutie, mettant en scène leurs sensations (feelings) face à la beauté de la nature flamboyante d’Ile de France. L’expressionnisme mêlé à la poésie nous transcende et émerveille notre âme tout au long de ce parcours. Colorées, émouvantes, grandioses, les toiles sont de véritables bijoux dont il est presque impossible de se détacher. Mauve, bleu, vert, carmin, tant de teintes qui se mélangent à merveille et nous plongent dans un état de béatitude intense. L’exposition se termine dans une sorte d’apothéose: Monet nous présente son triptyque l’Agapanthe et Mitchell, la Grande Vallée.
MONET vu par MONET
De grandes œuvres de Monet sont présentées dès le début, notamment la collection Nymphéas. On y voit tout le travail réalisé depuis sa maison de Giverny. Chaque toile est une ode à l’instant présent et à l’émotion contemplative ressentie face à cette nature riche et fragile.
Les fleurs, matière première du travail de Monet, sont le symbole d’une certaine liberté et d’un rapport intimiste avec la flore. Ce coin de paradis, il le chérit et le sublime chaque jour un peu plus, en lui dédiant sa vie, son œuvre. Cette sensation vivace est ressentie tout au long de la visite. Les couleurs défilent et finissent par s’imbriquer en nous comme si nous étions nous-mêmes spectateurs de cette nature lumineuse et éternelle.
La poésie est omniprésente dans ses tableaux. Ses liens avec de grands auteurs de l’époque (Mallarmé ou Zola) ont influencé sa manière de voir le monde. Ils seront d’ailleurs les seuls, pendant un certain temps à plébisciter Monet.
L’Agapanthe, toile presque subliminale, imposante, se nourrit du mauve et vient nous cueillir, tel une fleur d’été. Immense de 13 mètres de long, la peinture a été réalisée sur une période de dix ans. C’est la toile la plus aboutie de Monet, celle qui nous laisse entrevoir de plus près sa technique et les jeux de reflets avec l’eau.
Joan Mitchell, entre sensation et feeling
Née un an avant le décès de Monet, Joann Mitchell est l’une des plus grandes peintres de sa génération.
Originaire de Chicago, elle séjourne une bonne partie de sa vie en France, dans le village de Vétheuil, non loin de la résidence de Monet. Elle y peint ses « feelings », ce souvenir fugace, ressenti au contact de la nature verdoyante. Un Jardin pour Audrey et Beauvais sont des pièces maîtresses de son art.
Adepte des couleurs éclatantes, elle y évoque ainsi ses tristesses et ses deuils qui sont aussi forts et vifs que ces teintes accrocheuses. Marquée par des disparitions de proches, elle n’hésitera pas à les retranscrire dans ses toiles.
Le jaune, couleur du soleil, est pour Mitchell la représentation de la solitude. Marquée par Van Gogh et ses tournesols, elle dira d’ailleurs préférer un tournesol seul.
Les dernières années de la vie de la peintre ont été difficiles et prolifiques en même temps. Souffrant physiquement, elle s’est adonnée à corps perdu dans sa plus importante fresque: La Grande Vallée. Se remémorant la mort de son amie d’enfance et de sa sœur chérie, elle peint une vallée nostalgique, enfantine, une manière de survivre au gouffre de la mort.
Ce que j’en ai pensé: une expo vivante
C’est une formidable visite dans un bâtiment architectural unique. J’ai beaucoup aimé le dialogue invisible entre ces deux artistes, qui à priori ne se connaissent pas. Cette correspondance unique m’a beaucoup émue car on y ressent toute la fragilité et sensibilité de Monet et Mitchell dans toutes ces couleurs. Mitchell perpétue dans une certaine mesure l’œuvre de Monet.
Infos pratiques:
Fondation Louis Vuitton, Metro Sablon
Horaires d’ouverture: Ouvert toute la semaine, sauf le mardi. Ferme à 20h et le vendredi à 23h
Billetterie: ICI
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