S’il y a une expo à ne pas manquer en 2023, c’est bien celle consacrée à Basquiat et Warhol, à laFondation Louis Vuitton (jusqu’au 28 août). Cette collaboration à quatre mains est un vibrant hommage à la pop culture et au courant neo expressionnisme. Des centaines de toiles s’enchainent à travers les galeries du musée, en nous entraînant dans une introspection vertigineuse, entre un maître talentueux, déjà reconnu et un « élève » à l’ascension fulgurante. Décédé un an après Andy Warhol, en 1988, à seulement 27 ans, Jean-Michel Basquiat laisse derrière lui une collection impressionnante de toiles, estimées aujourd’hui, trente ans plus tard, à plusieurs millions d’euros, sur le marché de l’art.
Vous ne resterez pas de marbre face à ces toiles, grandeur nature. On y retrouve différentes techniques de peinture: acrylique, collage, photo.
Basquiat et Warhol: des tableaux à quatre mains
Etonnante association, ne trouvez-vous pas? Entre un Andy Warhol, dont la renommée n’est plus à faire, et un jeune Basquiat, issu des quartiers populaires de New-York, graffeur et d’origine modeste? Rien ne prédestine ces deux-là au coup de foudre artistique. Malgré une première rencontre furtive, pendant laquelle Warhol fera l’acquisition d’une carte postale, dessinée par SAMO (acronyme de SAM Old Shit), ils se retrouveront pour cette unique et incroyable collaboration, très prolifique, qui durera deux ans. Quoi de plus normal finalement? Car Basquiat est un autodidacte, polyglote et passionné de musique, des sons de jazz, de Ravel, qui l’accompagnent dans son travail.
Chaque tableau est une œuvre, dans laquelle les deux artistes se fondent, ne sachant bien qui est Basquiat, qui est Warhol. Quelques indices vous aideront néanmoins à faire la part des choses, notamment la célèbre couronne que l’on retrouve dans les toiles de Basquiat ainsi que les squelettes et cranes. Sa mère lui avait offert à l’âge de sept ans, suite à un accident de voiture, un livre d’anatomie (Grey’s Anatomy), ouvrage qu’il feuillètera régulièrement et dont il s’inspirera.
Chaque toile est imprégnée d’éléments de la culture pop’art: grandes marques, objets de consommation de masse, logo de grandes enseignes…
Basquiat, un artiste engagé
Les tableaux de Basquiat, malgré ces couleurs vives, décrivent une certaine forme de tristesse et dénoncent le racisme, encore bien présent dans les années 80. Certaines phrases, don’t tread on me, évoquent l’insoumission et l’exhortation au respect. Il dira lui même: « Je ne suis pas un artiste noir, je suis un artiste. » Ces toiles ne cherchent pas à être belles mais à provoquer l’indignation, la révolte, dans la même lignée que ses graffitis qu’il mettait en avant dans les rues de New York, quelques années auparavant.
Des natures mortes
On découvre ces natures mortes toujours très vives. Les visages sont presque à nu, les dents visibles. Ces scènes de la vie quotidienne ajoutent au travail de ces deux grands une dimension qui les ramènent à la vie, la vie simple, laissant presque penser que eux aussi, sont des gens ordinaires malgré la folie de leur existence.
Le pop’art dans toute sa splendeur
Tout au long de l’exposition, nous découvrons ci et là des éléments très concrets, relatifs à la culture pop’art. De nombreuses toiles affichent des biens de consommation jetables tels que des conserves ou des vêtements de marque. Des baskets Nike en sont un exemple sur l’une des toiles. Certains tableaux sont dédiés à la marque General Electric ou Ford, traduisant ainsi le monopole de ces grandes multinationales.
On retrouve également une salle d’archives dédiée aux photos et à certaines correspondances manuscrites. Le dernier étage est aussi une mise en valeur de l’art underground, exposant des toiles de Keith Haring, Kenny Scharf ou Michael Halsband.
Infos pratiques:
Adresse: 8 av. du Mahatma Gandhi, Bois de Boulogne.