Paul Poiret au Musée des Arts Décoratifs : la mode est une fête

Il y a des expositions qui marquent une saison parisienne. Celle que le Musée des Arts Décoratifs consacre à Paul Poiret en fait partie. Jusqu’au 11 janvier 2026, la rétrospective Paul Poiret, la mode est une fête fait revivre un couturier visionnaire, à la fois flamboyant et fragile, qui a bousculé le Paris du début du XXᵉ siècle.

Paul Poiret, le couturier qui a libéré les femmes

On retient souvent de lui une audace : avoir osé libérer les femmes du corset. Fini la taille étranglée, place aux lignes fluides, aux tailles hautes, aux silhouettes qui respirent. C’est un peu comme si Poiret avait compris avant tout le monde que la mode pouvait être synonyme de liberté, pas de contrainte.

Et il ne s’arrête pas là : ses créations jouent avec les couleurs vives, les drapés orientaux, les tissus précieux. Chaque robe devient une œuvre vivante.

Une exposition grand format

Le parcours est spectaculaire : plus de 550 pièces exposées, des vêtements bien sûr, mais aussi des accessoires, des croquis, des photos, des objets de décoration et même des parfums. Car Poiret ne se voulait pas “simple couturier” : il rêvait d’un art total, où la mode, la fête, la décoration et le parfum se répondaient.

La scénographie est à la hauteur : on ne se contente pas de regarder des robes alignées. On entre dans une atmosphère festive, presque théâtrale. On imagine les soirées folles, les musiciens, l’exubérance d’un Paris qui danse.

L’art de la fête

Poiret aimait éblouir. Ses fêtes — dont la fameuse “Mille et deuxième Nuit” — étaient des happenings avant l’heure. Costumes, décors, parfums, musique : tout était orchestré pour que la mode devienne un spectacle total. C’est cet esprit que l’exposition restitue, avec des reconstitutions d’ambiances et des pièces incroyables comme des manteaux persans, des robes aux broderies foisonnantes ou des silhouettes inspirées du kimono.

Un créateur moderne avant l’heure

Ce qui frappe en parcourant l’exposition, c’est à quel point Poiret pensait la mode comme un univers global. Il lance une maison de parfum (une première pour un couturier !), collabore avec des artistes comme Raoul Dufy ou Paul Iribe, fonde un atelier de décoration intérieure baptisé Martine. Bref, bien avant l’heure, il invente le “lifestyle” à la française.

Un regard critique

L’exposition émerveille, mais elle interroge aussi. L’orientalisme, si central dans le travail de Poiret, pose aujourd’hui la question de l’appropriation culturelle. Et derrière l’éclat des fêtes et des tissus précieux, il y a aussi une fragilité : Poiret finira ruiné, dépassé par l’air du temps, quand Chanel et d’autres imposeront une mode plus sobre et moderne.

Pourquoi aller voir cette expo :
• Parce que visuellement, c’est une explosion de couleurs, de matières et de formes.
• Parce que l’histoire de Poiret raconte à elle seule une époque où Paris brillait de mille feux.
• Parce que c’est une source d’inspiration folle, que l’on soit passionné de mode, d’art ou de déco.
• Et parce que, finalement, cette exposition nous invite à réfléchir : que veut-on garder de la mode aujourd’hui ? Le faste, la liberté, ou un mélange des deux ?

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