Il y a des expositions qu’on coche sur une to-do culturelle, et puis il y a celles qu’on traverse comme on traverse un paysage intérieur.
Au Grand Palais, Eva Jospin et Claire Tabouret ne se contentent pas d’exposer : elles installent un climat. Une lenteur. Un silence. Un souffle.
Dès l’entrée, on comprend que ce sera autre chose. Pas spectaculaire au sens tapageur, mais profondément immersif. Une exposition qui se ressent autant qu’elle se regarde.

Eva Jospin ou l’art de s’enfoncer dans la matière
Avec Grottesco, Eva Jospin nous entraîne dans un monde souterrain, presque secret. Des grottes monumentales, des architectures végétales, des reliefs sculptés dans le carton, le textile, la broderie. Des matériaux modestes, travaillés avec une minutie presque obsessionnelle, jusqu’à devenir majestueux.
On pense à des ruines antiques découvertes par hasard. À des décors de théâtre abandonnés. À des forêts figées dans le temps.
Rien n’est lisse. Tout est texturé, dense, organique.














Ce que j’ai aimé, c’est cette sensation de déambulation lente, presque méditative. On n’est pas face à une œuvre, on est dedans. On s’approche, on recule, on cherche la lumière, on se perd un peu. Et dans un lieu comme le Grand Palais, cette plongée dans l’ombre prend une dimension encore plus forte.



Claire Tabouret, la couleur comme respiration
Le contraste est saisissant quand on passe à l’univers de Claire Tabouret.
Avec D’un seul souffle, l’artiste nous ouvre les portes d’un projet aussi intime que monumental : la création des futurs vitraux contemporains de Notre-Dame de Paris.

Ici, tout est question de lumière. De transparence. De vibration.
Les maquettes, les esquisses, les études grandeur nature racontent le cheminement de l’artiste, du premier geste au verre final. On découvre des figures, des couleurs franches mais jamais agressives, une spiritualité douce, presque charnelle.










Il n’est pas nécessaire d’être croyant pour être touché. Le thème de la Pentecôte devient ici une métaphore universelle : celle du souffle, du lien, de l’unité. Et dans le contexte parisien, après l’incendie de Notre-Dame, l’émotion est forcément là, discrète mais réelle.

Quand l’ombre rencontre la lumière
Ce qui rend cette double exposition particulièrement réussie, c’est le dialogue silencieux entre les deux artistes.
D’un côté, Eva Jospin creuse, accumule, densifie la matière.
De l’autre, Claire Tabouret allège, éclaire, laisse passer le jour.
Entre les deux, le visiteur circule, respire, ralentit.
C’est une exposition qui ne se consomme pas, mais qui s’habite. Une parenthèse hors du rythme parisien, pourtant au cœur même de Paris.
Pourquoi il faut y aller (vraiment)
Parce que ce genre d’exposition rappelle pourquoi on aime cette ville.
Parce qu’elle montre que l’art contemporain peut être exigeant sans être froid.
Parce qu’elle réunit deux artistes femmes majeures, sans discours forcé, sans effet de mode.
Et parce qu’au fond, dans un Paris souvent trop pressé, prendre le temps de regarder, de ressentir, de respirer, c’est déjà un luxe.
Infos pratiques
Grand Palais, Paris
Exposition Eva Jospin, Grottesco · Claire Tabouret, D’un seul souffle
Réservation conseillée
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